Le blog de la baigneuse
Il est cinq heures, un dimanche soir, le soleil brille encore, légèrement voilé par des nuages épars.
Teddy est dans le train. Il est assis au milieu de passagers bruyants.
Dés le matin, sa chère baigneuse et maitresse l’a prévenu de son éventuelle sollicitude sensuelle.
A 17h30, il reçoit un message neutre : « Es tu confortablement installé ? ».
Puis les mots s’envolent tantôt frais et pimpants, tantôt doux et suaves, tantôt chauds et enivrants.
Il est au cœur de cette foule bruyante et bigarrée de retour de weekend, elle est seule sur son lit, lascive et demi nue.
Elle aimerait que ses mots se glissent en lui, elle aimerait qu’ils se lovent en son intimité, elle aimerait qu’ils les lisent en imaginant sa voix douce, grave et chaude les lui murmurer au delà du petit écran froid soudain éclairé de la lueur d’un message.
Elle joue, joue de son désir, de ses envies les plus secrètes, les plus inatteignables, celles qu’il ne soupçonne pas encore, qu’elle va provoquer au fin fond d’une mémoire sensuelle endormie.
Elle joue, titille, elle mordille du bout des lettres, caresse d’un travers de mot, stimule du détour d’une phrase.
Il lutte, le train est décidemment bondé, les gens autour sont bruyants. Il ne peut se concentrer, ses pensées dévient au gré des paroles trop hautement prononcées autour de lui.
Le murmure des mots suaves est trop vague, trop lointain.
Il entre dans le jeu, s’amuse, s émoustille, en sort et redescend déçu et désœuvré.
Les minutes s’égrènent, les mots volent, courent le long des rails, le rattrapent et se perdent, le doublent et s’accrochent, le joignent et l’enjoignent à l’abandon dans l’intimité d’une enveloppe charnelle exposée à la foule ignorante de toutes ces idées qui se bousculent.
Un doux marivaudage, où la brièveté du message rend chaque mot indispensable, s’installe, il y pénètre pour mieux s’en séparer, s’y invite et se déconcentre.
Il peste contre cet entourage bruyant, les insulte intérieurement de troubler ainsi ce désir naissant qui le réchauffait si bien déjà.
Il rage de ne pouvoir satisfaire aux exigences d’une maitresse gourmande, affamée, qui, perfide, joue toujours plus dans l’espoir de l’amener à la frustration forte d’un désir à naitre.
Que faire ? Elle le trouble, ou plutôt il aimerait tant qu’elle le trouble. Il ne sait plus, se perd en conjonctures.
Elle harcèle ses sens, indifférente à son manque de concentration, lui intime l’ordre de prouver sa virilité, provoque, attise sans cesse, sans gène, sans retenue.
Elle livre bataille à coup de mots aiguisés à un désir enfoui qui s’éveille le long de la verge qui la lit, pendue à ses lèvres si lointaines et si proches.
Il n’y tient plus.
Alors, qu’elle se croyait vaincue par des bardots du dimanche, voyageurs incultes de ses désirs et ordres, elle reçoit une belle preuve imagée de la semi débandade de son amant désœuvré.
Elle admire ce membre exhibé sur son écran, sentant monter ses désirs au seul plaisir de sa vue.
Il descend du train, part vers un ailleurs encore tout frémissant d’elle, son corps imaginé, son odeur sensuellement désirée, sa moiteur supposée, ses mots si délicatement murmurés, ses sens émoustillés.
Leurs envies vont vivre, grimper pour atteindre leur paroxysme dès leur prochaine rencontre alors qu’il croisera enfin son regard.
Elle emplit ses pensées
Il emplit ses pensées.
Leurs corps partent à l’aventure ….